L'ébroïcien Sébastien Felix participe aujourd'hui au championnat de France de Rubik's Cube, concours de vitesse pour reconstituer les six faces en couleur.

Lorsqu'on voit ses doigts tourner les faces du Rubik's Cube à la vitesse de l'éclair, aucun doute possible. Sébastien Felix, 21 ans, étudiant en troisième année de mathématiques à Rouen, doit faire partie de cette catégorie d'humains au cerveau plus «systémique», qu'«empathique».

«On dit qu'il est plus facile à ce type d'intelligence - systémique, donc - de maîtriser les combinaisons avec rapidité, surtout pour le speed cubing (concours de vitesse). On considère que c'est un truc de matheux. En fait, ce sont surtout les scientifiques qui s'intéressent à ce jeu, mais les autres peuvent aussi y arriver», soutient le jeune Ebroïcien.

En 15 secondes

Aujourd'hui, il concourt pour la deuxième fois au championnat de France à Paris, face à une quarantaine d'adversaires. L'an dernier, il est arrivé à maîtriser ce satané cube multicolore (catégorie trois étages) en une moyenne de 15 secondes sur cinq épreuves, à raison d'une cinquantaine de mouvements. Impressionnant!

Quand il s'entraîne dans le métro pour se rendre de son logement rouennais au site du Madrillet à Saint-Etienne-du-Rouvray où il étudie, «il arrive qu'un de mes voisins prenne son téléphone portable pour me filmer!», raconte en rigolant l'ancien élève de maths sups.

Tombé tout petit dans les maths , «car c'était la seule matière où je réussissais sans travailler», ce fils d'enseignants en sports redécouvre ce jeu - né en même temps que lui - lors de ses deux années de classe prépa. Un exemplaire trouvé au fond d'une malle, avant un week-end en Italie, et le voilà converti à la fascinante mécanique du cube à trois étages.

«Ca représentait surtout une détente pour moi, et j'ai converti des copains», raconte le jeune homme. Amateur de basket, il a moins le temps de faire du sport lors des deux années passées à bachotter les concours. Le Rubik's lui sert d'exutoire.

Les yeux bandés

II se prend au jeu... Et révèle des capacités qu'il ne soupçonnait pas. «La vitesse est une motivation, c'est une compétition contre soi-même, pour voir jusqu'où on peut aller.»

Sébastien, modeste, relativise la prouesse qui allie calcul mental et géométrie dans l'espace. Si la tranche d'âge des as du Rubik's Cube se situe entre quinze et vingt-deux ans, «le plus jeune participant au championnat de France était âgé de sept ans. Et un enfant de quatre ans et demi est parvenu à le faire.»

Séduit pas la compétition, le Rubik's Cube est devenu pour Sébastien un peu plus qu'un simple passe temps. Mais pas au point de passer des heures infinies à le pratiquer, ou de tenter l'aventure des épreuves les yeux bandés, dernière «mode» qui lui paraît cette fois beaucoup trop fastidieuse.

VERONIQUE BAUD

l Le championnat de France, ouvert au public, se déroule aujourd'hui jeudi à partir de 9 h 30 au Novotel Les Halles à Paris.